En plus de la mythologie shintô et du code des mangas, les Japonais se distinguent des Américains par leur rigueur ancestrale tant dans le savoir-vivre que dans le domaine des loisirs et des jeux d’argent. Il n’y a qu’à voir les cérémonies traditionnelles du thé appelées “Cha No Yu” où le raffinement est poussé à son extrême pour se convaincre que l’Art premier du Japon est surtout celui d’appliquer des protocoles!
Au delà du transfert culturel que le Japon a opéré avec les slots games ou encore le poker qui y prend seulement son envol grâce aux smartphones, on peut aussi mesurer l’empreinte des jeux de hasard dans la culture d’un pays au nombre de ses joueurs dépendants. Avec 3,2 millions, il se situe dans la norme, contrairement à des dizaines de millions d’addicts rien qu’au Canada.
Il faut bien admettre que le Pays du Soleil Levant a beau compter une population très encline à s’évader spirituellement, elle sait aussi raison garder en conciliant à merveille, appâts du gain et restrictions, voici comment...
L'interdiction des jeux d’argent en 1907, une loi contournée?
Sur le pays insulaire, seuls certains paris sportifs et les “Takara-kuji”, l’équivalent des loteries de la FDJ, sont légaux. N’oublions pas que les casinos ne sont pas non plus autorisés au Japon, même si depuis 2016, de nouvelles lois se profilent à l’horizon. Pourtant l’argent des JHA (jeux de hasard et d’argent) représente une manne financière pour l’État, juste derrière la restauration et le tourisme, à savoir 184,7 milliards d’euros en 2015 pour le Pachinko, un jeu très populaire auprès des plus âgés.
Qu’à cela ne tienne, tout est prévu: des boutiques secondaires à proximité des salles de jeux délivrent de vrais billets en lieu et place des bibelots gagnés au Pachinko ou au Pusher game: le Gambling dans toute sa splendeur, sans avoir l’air d’y toucher! Il faut dire que les Yakuzas sont passés par là avant les années 60, contribuant à entretenir le flou artistique de la législation.
Néanmoins, depuis 1990, le nombre de joueurs de Pachinko a diminué des deux tiers, et ils ne sont plus que 9,4 millions, une misère comparé à l’âge d’or des années 80! De même, le nombre de lieux dédiés a chuté de 12.000 en 2013 à 10.200 en 2017. Il est donc temps de remédier à la situation en autorisant davantage les salles et les jeux d’argent, le Japon l’a bien compris tout en cherchant encore un juste milieu!
Le Pachinko à la rescousse?
Friands de régressions salutaires vers l’enfance, les Japonais adorent jouer aux jeux vidéos dernier cri mais aussi et surtout au sacro-saint Pachinko. Ces machines inspirées des flippers fonctionnent avec un certain nombre de billes achetées à l’entrée des salles de jeux. Le but étant d’en gagner plus qu’à notre arrivée pour les échanger contre des cadeaux: peluches, voyages à Macao, plaques en métal, tout y passe du moment que ce ne soient pas des pièces de monnaie sonnantes et trébuchantes!
L’origine des Pachinkos est sujette à caution comme toutes les inventions qui deviennent rapidement universelles, mais elle date surtout du 20ème siècle. C’est tout un circuit qui est emprunté par cette sphère de métal addictive, à commencer par le degré de vitesse qu’insuffle le joueur lui-même. En passant par des trous, la bille permet d’obtenir des symboles. Au nombre de 3, le Pachinko reprend le système classique des machines à sous chères aux plus grands casinos de Las Vegas.
En somme, le Pachinko est un peu comme les boissons sans alcool mais avec une touche hypnotique supplémentaire! Si on visite prochainement Tokyo, le Pachinko est un jeu exotique qui saura nous séduire par ses sons clinquants et ses couleurs flashy, entre jeu d’arcade hors norme et machine à sous rose bonbon! Il y a même des Pachinkos Dragon Ball et Saint Seiya (Les Chevaliers du Zodiaque) qui sauront parler aux plus nippophiles.
Au Japon, les jeux constituent un capital hors du commun!
Même si cette île est actuellement en prise avec des crises sanitaires et identitaires, comme on a pu le voir avec les derniers Jeux Olympiques, le Japon a toujours su allier corps et esprit, ruralité et urbanisme, jeux et mesures, accordant un soin tout particulier à la perfection sous l’influence du bouddhisme zen. Pays des contrastes s’il en est, on parle tout de même d’un Japonais sur 10 qui s’adonne à la passion du jeu!
Réussissant l’exploit majeur d’être en passe de détrôner les États-Unis en matière de jeux vidéo, le Japon a d’ailleurs pérennisé les jeux JRPG (Japanese Role Playing Games) assurant par là son hégémonie culturelle. En effet, les spécialistes évoquent le “soft power” du Japon, concept expliquant ni plus ni moins le report de popularité de ses jeux sur l’attractivité du pays. D’ailleurs, les Japonais exportent massivement leurs animes (séries d’animations légendaires), mais quid de ses machines à sous?
Même si Las Vegas regorge de casinos, les pays asiatiques ne sont pas en reste avec les plus gros casino du Monde à Macao et à Singapour. Lentement mais sûrement, l’aventure des jeux d’argent et des casinos terrestres au Pays du Soleil Levant ne fait que commencer!