Selon certaines études, un nouveau phénomène de société apparait ces dernières années, avec une tendance à l'addiction des séniors aux jeux d’argent. Même si selon les statistiques les joueurs sont majoritairement jeunes et plutôt compris dans les tranches d'âge allant de 18 à 54 ans, c'est dans la catégorie des plus âgés qu'on observe désormais une hausse inquiétante de comportements addictifs. Comment cela se traduit-il dans les faits, et pourquoi les personnes âgées sont-elles à leur tour sujettes aux risques de l'addiction? La dépendance aux jeux d’argent, tout comme celle à l'alcool ou aux stupéfiants, s'inscrit en général dans un contexte déjà bien fragile de précarité financière et/ou affective, et c'est d'autant plus vrai que la période agitée de crise sanitaire et de confinement que traverse actuellement l'ensemble de la population, a un impact encore plus lourd sur les séniors. Le point sur l'addiction aux jeux d'argent chez les séniors.
Une nouvelle tendance de jeu concernant les séniors?
Les séniors sont désormais des utilisateurs assidus d'Internet, et les jeux en ligne ne leur auront pas échappé, d'autant qu'ils ont plus d'assurance face à l'écran. Depuis la légalisation en 2010 des jeux d’argent
Selon l’Insee, au moins un Français sur deux joue au minimum de façon occasionnelle. Les chiffres publiés par Statista en 2017, montrent que le pourcentage de joueurs décroît plus on monte en âge. Ainsi, dans toutes les catégories de jeux et de paris, les 18/34 ans et les 35/54 ans sont systématiquement majoritaires. Les plus de 55 ans sont la catégorie minoritaires de joueurs dans toutes les catégories de jeux. Mais ces chiffres de 2017, ce qui en soit n’est pas si lointain, sont cependant à relativiser car des études plus récentes (2019) mettent en lumière une nouvelle tendance.
En effet, les chiffres en question font mention du fait que 47% des seniors se seraient rendus dans un casino pendant les 12 derniers mois. En outre, il semblerait également qu’un tiers des personnes âgées de 65 à 75 ans affirment avoir joué au moins une fois au cours de l’année à un jeu d’argent. Ces chiffres concerneraient par ailleurs de façon indistincte les hommes et les femmes.Il convient néanmoins d’apporter une précision importante concernant ces chiffres. En effet, quand bien même cette tendance serait avérée, le fait que des séniors recourent aux jeux d’argent, même dans une proportion importante, ne signifie pas pour autant qu’ils le font tous de manière pathologique. C’est une nuance fondamentale, car les chiffres dont il est fait mention pour illustrer une nouvelle tendance jugée “inquiétante”, font une confusion entre les joueurs séniors en général et ceux pouvant avoir une pratique problématique de façon totalement indistincte. Car que veut dire le fait que 47% des seniors se seraient rendus dans un casino au cours des 12 derniers mois? En effet, si 99% de ces 47% s’y sont rendu 1 fois dans l’année et y ont joué une dizaine d’euros chacun, où est le problème? Attention donc aux statistiques et généralités trompeuses.
Pourquoi le risque d'addiction aux jeux d'argent concerne aussi les séniors?
Notre propos n’est bien entendu pas de nier que les comportements addictifs peuvent exister, y compris chez les séniors, et qui sont à prendre au sérieux. Il convient simplement de garder un certain recul sur les chiffres et surtout de les prendre dans leur contexte.
Ce qui en revanche est vrai et s’inscrit dans une dynamique plus globale qui devrait pousser à la réflexion c’est l’accroissement des phénomènes d’isolement et de solitude des personnes âgées, d'autant que la pandémie mondiale de Covid 19 aura été un facteur aggravant. Le jeu et les problèmes qui en découlent ne sont qu’une facette de cette problématique. Certains seniors isolés opteront pour le jeu, d'autres pour la télévision, la voyance ou les achats compulsifs. Dans cette liste non-exhaustive le jeu n’est d’ailleurs probablement pas le travers le plus représenté.
Nous pouvons ajouter à ce des pensions de retraites qui ne permettent pas à tous les séniors de vivre convenablement, y compris de subvenir à leurs besoins élémentaires. Dans ce cas de figure il est probable que quelques-uns tentent leur chance, simplement poussé par l'appât du gain comme toute personne ayant des difficultés financières.
Ainsi, si il est évidemment déconseillé à des personnes déjà vulnérables d’ajouter l’addiction et l’endettement à leurs problèmes, il est toutefois hors de propos et surtout inutile de se focaliser sur le jeu en tant que tel qui n’est que le symptôme visible d’un mal plus profond. Le plus grave n’est-il pas de pouvoir potentiellement gagner plus en jouant aux machines à sous qu’après une vie entière de travail?
De manière générale, les seniors ne sont pas plus joueurs que leurs cadets. Mais nombre d'entre tombent dans la dépendance aux jeux d'argent et les conséquences sont la fois économiques et sociales, parce qu'ils sont, pour de multiples raisons, souvent plus vulnérables.